Le petit lieu, la 4e exposition personnelle de David Lafrance à la Galerie Hugues Charbonneau, rassemble un tout nouveau corpus d’œuvres composé de cinq tableaux de grands formats, d’une série de dessins et de trois sculptures en bois. Ces œuvres représentent l’aboutissement d’un travail de recherche approfondi des trois dernières années.
Désormais installé à Saint-Mathias-sur-Richelieu, l’atelier de David Lafrance s’étale au-delà des murs, à l’extérieur donc, et en pleine nature. Cette région, ayant jadis inspirée Ozias Leduc et Paul-Émile Borduas, est aujourd’hui le terreau fertile de Lafrance, qui l’observe à proximité et en temps réel. Si par le passé l’artiste peignait des lieux imaginaires, sans point d’ancrage dans le réel, il illustre aujourd’hui dans ses toiles des espaces dont il fait l’expérience sensorielle – tant au niveau visuel, qu’au plan sonore, tactile et olfactif. Ce faisant, les nouvelles œuvres de Lafrance témoignent d’une nature qu’on scrute de près, accroupi dans le jardin pour en contempler le rythme lent. Assis sur son tabouret, l’artiste découvre ce qui lui est immédiat et à portée de main dans un rapport de réciprocité, voir même de symbiose. Il en résulte des vues en plongée ou à hauteur même des spécimens qu’il peint, où les couches picturales se déposent les unes sur les autres, en infinies palimpsestes, dans une réécriture entêtée du territoire au sein d’un même plan. Les trois sculptures, quant à elles, représentent le banc de jardin sur lequel l’artiste s’appuie ou s’agenouille lors de ses séances d’observation. Entre l’admiration du sujet choisi et l’hostilité d’un espace proposé, Lafrance s’intéresse aux bouleversements climatiques, mais surtout à l’impact qu’un petit changement, presqu’imperceptible, peut avoir sur son environnement immédiat. Son approche unique du paysage relève ainsi toute anomalie ou incongruité, dans un effort continu de saisir la moindre altération et les répercussions qui en découlent.
Le petit lieu invite le spectateur à prendre place aux côtés de David Lafrance, afin d’observer avec lui la nature telle qu’elle est, et telle qu’elle se transforme, d’instant en instant.