Dans Chiromancies, une série de peinture amorcée en 2008, Kitenge Banza crée une cartographie mettant en dialogue l’histoire, la mémoire et le territoire. Il y dévoile un univers semifictionnel où l’inspiration de « [son] récit potentiel, actuel, ou révolu dans l’espace le sublime en lieu ». Comme le rapporte en effet le sociologue et anthropologue français Jean-Didier Urbain : « Le lieu résulte de l’appropriation d’un espace par une mise en intrigue particulière imposant un modèle d’interprétation et d’usage. » C’est précisément par ce qu’il a vécu, éprouvé et dramatisé l’espace que l’artiste peut y inscrire ses lieux. Cette étude de cas à partir de son vécu permet à Moridja Kitenge Banza de repenser le territoire à travers le prisme de l’histoire individuelle.
S’inspirant de la chiromancie, un art divinatoire basé sur l’interprétation des lignes de la main, l’artiste donne à lire un avenir – le sien – à la lumière de ses déplacements. Il part toujours des trois lignes principales de sa main gauche, révélées par le jeu d’ouverture et de fermeture de sa paume, pour déployer son pinceau dans un mouvement continu jusqu’à ce que l’encre s’épuise et dévoile un premier itinéraire, une première cassure. Au gré des déambulations du pinceau sur la toile et de ses mouvements sur le territoire se créent toutes sortes de circonvolutions, tours, détours et ruissèlements de réseaux dans lesquels le présent, passé et le futur sont inextricablement liés.
[Extrait avec l’aimable permission de l’autrice du texte : Diane Gistal, Repenser le territoire à travers le prisme de l’histoire individuelle, Relations – La diaspora et la peinture, 2020, Fondation Phi + Hirmer]
BIOGRAPHIE
Moridja Kitenge Banza est un artiste canadien d’origine congolaise, né à Kinshasa en 1980 en République démocratique du Congo. Il est diplômé de l’Académie des beaux-arts de Kinshasa, de l’École supérieure des beaux-arts de Nantes Métropole ainsi que de la faculté des Sciences humaines et sociales de l’Université de La Rochelle. En 2010, il reçoit Grand Prix Léopold Senghor de La Biennale de l’Art africain contemporain, DAK’ART, pour la vidéo Hymne à nous et son installation De 1848 à nos jours. Il a reçu le Prix Sobey 2020 aux côtés de 25 autres finalistes dans le contexte de la pandémie du COVID. Le Musée des beaux-arts de l’Ontario (AGO) présente actuellement une exposition individuelle de l’artiste intitulée « Et la lumière fut ». Son travail a précédemment notamment été présenté au Musée Dauphinois (Grenoble, France), au Museum of Contemporary Art (Rosklide, Danemark), à la Arndt Gallery et la Ngbk (Berlin, Allemagne), à la Biennale Internationale de Casablanca (Casablanca, Maroc), à la Fondation Attijariwafa bank (Casablanca, Maroc), à la Fondation Blachère (Apt, France), au Musée des beaux-arts de Montréal (Montréal, Canada), à la Fondation Phi (Montréal, Canada), au Musée d’art contemporain de Montréal (Montréal, Canada) et au Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa, Canada). On compte des oeuvres de l’artistes dans les collections du Musée des beaux-arts de Montréal, du Musée d’art contemporain de Montréal, du Musée national des beaux-arts du Québec, du Musée des beaux-arts du Canada, du Musée des beaux-arts de l’Ontario (AGO) ainsi que dans de nombreuses collections corporatives telles BMO, la Caisse de dépôt et de placement du Québec, RBC et TD Bank Corporate Art Collection.