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Tam vs Kitenge

Pour sa deuxième exposition virtuelle, la Galerie Hugues Charbonneau est fière de présenter un projet inédit de collaboration entre Karen Tam et Moridja Kitenge Banza.

Né et formé dans le contexte du confinement, Tam vs Kitenge est composé d’œuvres créées à quatre mains par les deux artistes qui se sont échangé des pièces à compléter à tour de rôle au fil du printemps et de l’été 2020. Le titre de l’exposition et son affiche se veulent un clin d’œil à l’iconique exposition Warhol x Basquiat, présentée à la Tony Shafrazi Gallery à New York en 1985 – exposition qui symbolise et clôt la production, au cours des années 1980, d’œuvres collaboratives entre Andy Warhol et Michel Basquiat.

Tam et Kitenge Banza prennent comme point de départ leur intérêt commun pour les questions culturelles d’identité, de transmission et de racisme. De manière encore plus précise, leur travail est semblablement traversé par des recherches et réflexions sur les relations économiques qui unissent l’Amérique du Nord à la Chine ou à l’Afrique, sur l’influence des communautés jésuites sur l’assimilation religieuse hors d’Europe, sur la charge politique des artéfacts et antiquités (comme les vases chinois ou les masques africains) conservés dans les institutions muséales, et sur le potentiel de la fiction, voire de l’humour, pour repenser l’histoire dominante.

Tous deux remettent en question les récits et les représentations des personnes racisées et immigrantes en proposant d’autres formes de visibilité, d’autres espaces pour elles.

Rapports de force 

Les artistes se sont intéressés aux liens économiques qui lient la Chine et l’Afrique, en particulier en ce qui a trait aux intérêts chinois dans l’exploitation de voies ferroviaires et de liaisons maritimes dans la République démocratique du Congo. L’iconographie de ces deux œuvres s’inspire de chantiers divers comme ceux entourant le chemin de fer Matadi–Kinshasa (1890) et le port de Matadi (1886), mais aussi ceux du Canadien Pacifique à travers le Canada, dans les années 1880, qui employaient massivement des ouvriers chinois.

Karen Tam & Moridja Kitenge Banza, Tam vs Kitenge 5, 2020
Encre sur papier découpé à la main (non encadrée)
28 x 38 cm (11” x 15’)

Karen Tam & Moridja Kitenge Banza, Tam vs Kitenge 6, 2020
Encre sur papier découpé à la main (non encadrée)
28 x 38 cm (11” x 15’)

Altérités

Les stéréotypes racistes et les problèmes entourant l’exotisme et l’orientalisme sont des fils conducteurs dans les démarches de Karen Tam et de Moridja Kitenge Banza.

Kitenge Banza propose ici un autoportrait de la série je crois savoir comment il me voit. Série 2 où sa tête a été remplacée par une espèce de fleur indigène d’Afrique. Tam est intervenue à l’arrière-plan de l’œuvre, bordant le personnage d’un découpage dont le motif reprend celui des pièces de monnaie chinoise.

Le masque de Tam, intitulé Chinoiserie Face Mask II, a été créé en réponse à la résurgence de racisme anti-asiatique et d’actes de violence dirigés contre les communautés asiatiques pendant la pandémie de COVID-19. Visiblement inefficace, il invite à réfléchir sur la racialisation des virus, phénomène récurrent dans l’histoire.

Karen Tam & Moridja Kitenge Banza, Tam vs Kitenge 1, 2020
Encre sur mylar découpé à la main (non encadrée)
61 x 45,6 cm (24” x 18’)

Karen Tam, Chinoiserie Face Mask II, 2020
Vinyle découpé, rubans
Edition 3/3
21 x 22 cm (8,5” x 8,7”)

Cartes et mémoires

Les dessins abstraits de Kitenge Banza s’inscrivent à la suite de sa série Chiromancies ; un corpus d’encres sur Mylar où chaque œuvre se présente comme une carte divinatoire qui retrace les héritages, le chemin parcouru et l’avenir de l’artiste. Les découpages ornementaux de Tam poursuivent cette méditation sur les origines en puisant dans des motifs traditionnels chinois d’éléments naturels. Le métissage des deux langages formels prolonge leurs recherches sur la porosité et la malléabilité des identités.

Karen Tam & Moridja Kitenge Banza, Tam vs Kitenge 3, 2020
Encre sur mylar découpé à la main (non encadrée)
61 x 45,6 cm (24” x 18’)

Karen Tam & Moridja Kitenge Banza, Tam vs Kitenge 4, 2020
Encre sur mylar découpé à la main (non encadrée)
61 x 45,6 cm (24” x 18’)

La Banque TAMKIT

Et Karen Tam et Moridja Kitenge Banza ont, par le passé, expérimenté avec la création de monnaies fictives et la contrefaçon pour réfléchir à la notion de valeur en art. Ensemble, ils ont approfondi leurs interrogations sur le sujet : quels seront les impacts financiers de la présente pandémie à l’endroit du marché de l’art ? Quelle est la responsabilité des collectionneur·euses à l’égard des artistes dans un contexte de récession économique ? Comment stabiliser la valeur d’une œuvre d’art en temps de crise ?

Leur réponse : sous forme de multiples, des obligations d’épargne émises en quantité limitée par la Banque TAMKIT!

 

 

Karen Tam & Moridja Kitenge Banza, Tam vs Kitenge 2, 2020
Impression numérique sur papier archive (non encadrée)
Edition 1/5
31 x 41 cm (12” x 16”)