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Shuvinai Ashoona

Shuvinai Ashoona (née en 1961 à Kinngait, Nunavut, Canada) vit et travaille à Kinngait. Son exposition individuelle ‘’Mapping Worlds’’ a été présentée au Power Plant (2019)  puis  en tournée dans différentes institutions canadiennes. D’autres expositions individuelles ont été produites au Art Gallery of Ontario (2021), Nunatta Sunakkutaangit Museum, à Iqaluit (2013); à la MacKenzie Art Gallery, Regina (2012); à la Galerie d’art de l’Université Carleton, Ottawa (2009); et à la Art Gallery of Alberta, Edmonton (2006). Son travail a également été présenté lors d’expositions de groupe dans des lieux tels que la Fondation Esker, Calgary (2017); la Art Gallery of Ontario (AGO), Toronto (2017); Mercer Union, Toronto (2016), le Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa (2014) et SITE Santa Fe (2014). En 2013, ses œuvres ont été incluses dans la prestigieuse publication “Vitamin D2. New Perspectives in Drawing”de Phaidon. Plus récemment, Shuvinai Ashoona a reçu le prix Gershon Iskowitz 2018 ainsi que le Prix du Gouverneur Général du Canada 2024. Son travail a été présenté dans le cadre de l’exposition centrale officielle de la Biennale de Venise 2022 « The Milk of Dreams ». Elle s’est alors mérité une mention spéciale du jury.

De nombreux dessins plus anciens de Shuvinai Ashoona représentent des scènes de Kinngait (anciennement Cape Dorset) au Nunavut, perpétuant ainsi une tradition artistique commencée par la famille Ashoona, notamment par sa grand-mère Pitseolak Ashoona (1904 – 1983) et sa cousine Annie Pootoogook (1969 – 2016). Vivant à Kinngait, à la pointe sud de l’île de Baffin, Shuvinai fait partie de la culture Inuit du Canada. Elle produit son travail aux studios Kinngait, le bras artistique de la coopérative West Baffin Eskimo. Constitué en 1959, le Studio perpétue la tradition la plus solide et la plus longue de toutes les coopératives de création artistiques gérées par les communautés de l’Arctique. En raison de la stabilité et de la longévité de la direction de la coopérative, quatre générations d’artistes Inuits ont développé et vendu leurs œuvres dans le monde entier. Shuvinai est surtout connue pour son iconographie très personnelle et imaginative constituée d’images allant de scènes naturalistes étroitement observées de sa maison à des visions monstrueuses et fantastiques.

Le travail de Shuvinai se distingue de celui des autres artistes travaillant à Kinngait. Ses dessins imaginent le passé et le présent fondus en un avenir prophétique imagé de créatures hybrides homme-animal, de femmes donnant naissance à des mondes, de paysages mystiques ou d’un autre monde, bien que clairement inspirés par le terrain nordique qu’elle habite. Contrairement aux univers dystopiques, les dessins aux couleurs vives de Shuvinai débordent de vie. Sa communauté y est parfois représentée se heurtant aux créatures qu’elle imagine. Mais elle coexiste plus souvent qu’autrement de manière pacifique avec ces derniers. Contrairement à de nombreuses visions d’avenir faites d’affrontements entre l’homme et la nature ou entre humains et « envahisseurs » d’un autre monde, les univers extraterrestres de Shuvinai existent dans un avenir intergalactique aimable.

Aujourd’hui, des émissions télévisées telles que ‘’The Walking Dead’’ (2010 à nos jours) stimulent nos peurs de l’inconnu, du monstrueux et de l’Autre d’une manière qui risque d’accroître notre xénophobie et de provoquer la violence. Bien que le travail de Shuvinai répond à ces inquiétudes, ses œuvres ne représentent pas des humains opposés à ce qui est étranger. En s’appropriant des images de films d’horreur, de bandes dessinées et de télévision, Shuvinai fusionne différentes esthétiques à des récits du quotidien afin de redessiner les frontières entre la réalité et la fiction, entre le passé et l’avenir.